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ND: Chapitre 1
Comment en suis-je arrivé là ? Qu’est-ce qui a bien pu autant bouleverser ma vie ? …Je m’en souviens ! C’était un soir de Noël. Ce soir-là, la neige avait cessé de tomber mais le vent continuait à me glacer les joues. Le ciel ressemblait à un drap sur lequel on aurait éparpillé des milliers de paillettes et une magnifique perle blanche au centre. Les seuls bruits qu’on pouvait entendre par cette nuit festive étaient ceux des chats sautant de murs en toits et les musiques de Noël qu’on avait mises trop fort dans certaines maisons.
Les bonnes odeurs de soupe fait-maison et de dinde farcie s’échappaient des établissements. Malgré le jour de fête, j’avais dû travailler jusqu’au soir parce que le sous-directeur était parti deux semaines à la montagne. Je parcourais frénétiquement le chemin que j’avais emprunté tant de fois, je regardai ma montre : 18h47. Ma famille devait sans doute être déjà au complet en train de m’attendre. J’étais un peu honteux à cette idée. Pendant un moment, il n’y eu plus un bruit, seulement le bruit de mes pas sur le béton. J’entendis quelqu’un se glisser dans une ruelle pas très loin derrière moi. Je pressai le pas, ayant hâte de rentrer, les mains complètement gelées.
Enfin, je vis le portail en fer que j’aimais tant, il était comme neuf et le blanc de la lune s’y reflétait parfaitement. Il était plus grand que moi, ressemblait à une porte de prison à cause des barreaux et se terminait avec de multiples pointes de lances au sommet. Je poussai l’une des deux portes du portail et l’entendit à peine grincer. Je m’engageai dans l’allée qui menait à la maison, la glace de deux étangs brillait sous la lumière blafarde de la lune, le reste du jardin était recouvert d’une couche de neige. J’arrivai à la maison avec soulagement, j’entendais les adultes qui parlaient deux fois trop fort et les enfants qui jouaient à l’étage. Je m’approchai de la porte d’entrée, elle était très haute et très large. Elle était en chêne et de magnifiques gravures l’ornaient.
Je poussai l’une des deux portes avec difficulté et entrai dans un vaste hall. Le haut de la pièce formait une voûte en verre qui nous permettait de voir le ciel étoilé. A gauche de la pièce, il y avait 2 portes fermées en bois. Au fond du hall, deux escaliers, larges d’au moins 2 mètres, menaient à une mezzanine, d’où s’ouvraient deux portes. Les murs et les rampes étaient peints en marron, tandis que le carrelage brillait d’une lueur beige. Des tapis rouge foncé étaient posés sur les escaliers. De nombreuses photos de la famille étaient accrochées aux murs du hall ou posées sur des meubles anciens. Je me dirigeai vers la première porte à gauche et l’ouvris pour déposer ma veste dans une grande pièce qui servait de vestiaire.
Je refermai la porte et ouvris la deuxième pour découvrir un immense salon. Dans un coin de la pièce avait été placé un grand sapin décoré de multiples guirlandes et boules de toutes les couleurs. Au sommet de l’arbre, une étoile dorée se dressait fièrement et faisait briller tout le sapin. Au milieu de la pièce, 3 canapés et 5 fauteuils en cuir rouge étaient disposés autour d’une table ronde en chêne clair. Les murs rouge foncé et les carrelages beiges donnaient une ambiance chaleureuse à la pièce.
Un groupe d’adultes occupait fauteuils et canapés en parlant de sujets banaux comme leur travail, le foot pour les hommes, la mode pour les femmes, la politique, leur famille…Une femme vint vers moi, elle avait la cinquantaine mais elle paraissait tout juste atteindre la trentaine. Elle mesurait 1m70 environ, les cheveux couleur caramel, coupés au carré, entouraient un visage fin qu’illuminaient de grands yeux bruns. Elle portait, une courte robe rouge foncé et une multitude de bijoux en or, une paire de talons hauts de même couleur, et des collants noirs à motifs dorés. C’était ma mère. Elle tendit les bras vers moi en criant :
- Quand on parle du loup ! Logan, approche-toi !
- Oui, mère. Lui répondis-je.
Je me rapprochai donc des adultes, les saluai, et serrai beaucoup de mains. Une fois la séance d’embrassade terminée, je regardai à travers une fenêtre dont les rideaux n’étaient pas fermés, la neige s’était remise à tomber lentement. Cela ne me rassura pas du tout, j’avais encore l’impression d’être épié, observé. Sur la gauche de la pièce, deux escaliers conduisaient à une mezzanine deux fois plus grande que celle du hall. Je les gravis et, une fois en haut, vit une très longue table magnifiquement décorée. Une grande nappe rouge la recouvrait. Les assiettes, en porcelaine, étaient d’un blanc éclatant et les couverts en or, splendides. Le milieu de table était composé de roses rouge sang, de lys, de feuilles d’un vert éclatant, etc… Je m’en approchai et l’effleurai du bout des doigts. Quand soudain, je senti un regard fort et menaçant sur moi. Je me tournai vers la fenêtre… rien ! Ça n’allait pas… Pas du tout… J’étais épié, guetté, espionné. Je ne savais pas par qui, ni d’où, ni pourquoi mais je savais que quelqu’un ou quelque chose d’invisible me regardait sans relâche, je ne réussissais pas à me détendre.
Je suis ensuite allé me changer. J’ai mis un pantalon noir et un pull rouge aux motifs de noël. Lorsque nous sommes passés au souper, j’ai essayé de mettre mon malaise de côté pour profiter de la soirée. J’allais m’asseoir à côté de ma mère quand j’ai senti quelque chose tirer sur mon pull. C’était la petite Lisa.
- Logan, tu t’assieds à côté de moi ? M’a-t-elle dit, un grand sourire aux lèvres.
Lisa était la fille de ma cousine. Elle passait la plus grande partie de son temps chez nous car elle adorait jouer avec moi, elle était comme ma petite sœur. Ses couettes brunes et ses grands yeux bleus la rendaient vraiment adorable. Ce jour-là, elle portait une petite robe verte avec un sapin doré dessiné dessus.
- Si tu veux. Allez ! Va t’asseoir ! J’arrive. Lui ai-je dit en souriant également.
Avant de rejoindre la petite Lisa, j’ai prévenu ma mère que je ne m’assoirais pas à côté d’elle, une fois de plus.
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