Chapitre 1

-Ti ! Dit une fille en courant vers un garçon. Attends-moi !

Le garçon s’arrêta et se retourna. Il avait des cheveux mi- longs, noirs et bouclés, et des yeux d’un beau vert sapin. Il portait une veste en cuir noire et des mitaines en dentelle noire. Sa peau, très pâle, faisait ressortir ses ongles noirs et ses yeux. La jeune fille s’approcha et s’agrippa à son bras.

-On peut aller chez toi ? Dit-elle en souriant.

-Désolé, j’aide mon père à ranger la maison, aujourd’hui. Et il ne voudrait pas que des gens voient la maison avant le grand nettoyage.

-Tu aimes vraiment ton père, dis donc.

-Oui. Il a eu la force de m’élever seul, je le respecte beaucoup. Alors je ferai tout ce que je peux pour l’aider. Donc tu m’excuseras mais je suis occupé aujourd’hui.

-Pas de problème ! Mais tu me dois un rendez-vous !

-Mais oui, allez, retourne avec tes amies.

-A demain !

Elle s’éloigna en faisant de grands gestes à Ti. Toutes les autres filles qu’il croisa  le saluèrent. En effet, il attirait beaucoup les filles, mais elles ne voyaient en lui qu’un homme plein de qualités, elles ne se donnaient pas la peine d’essayer de le comprendre. Pour elles, il était un homme beau, gentil et intelligent. Tous les jours, il souhaitait rentrer le plus vite possible chez lui, près de la seule personne qui le comprenait vraiment : son père. Il n’avait plus que son père, sa mère était morte peu après l’accouchement.  Quand il avait demandé où était sa mère, il lui avait répondu, en larmes « Désolé, mon cœur, maman ne reviendra plus. Elle nous a quittés. ».  Son père…il était tellement gentil… c’était la raison de vivre de Ti. Il était plus petit que Ti et paraissait n’avoir que 20 ans alors qu’il en avait 43. Il avait des cheveux bruns foncés qui lui arrivait aux épaules et de grands yeux mauves. Il portait toujours des pulls trop grands pour lui et des pantalons serrants. 

Ti inséra la clé dans la serrure et entra.

-C’est moi !

La tête de son père dépassa de la cuisine.

-Bonjour, mon chéri ! Tu as passé une bonne journée ? Dit-il, rayonnant.

-Oui, merci. Répondu Ti en souriant.

-Va te rafraichir, le diner est presque prêt !

-D’accord, je vais dans ma chambre alors.

Il alla dans sa chambre et ferma la porte à clé. Il enleva sa veste, qu’il mit sur un cintre, et son pull. Il avait sa propre salle de bain, ce qui était beaucoup plus pratique, vu le temps qu’ils y passaient chacun. Il se rafraichit puis mit un T-shirt et regarda sa table de nuit, il n’y avait qu’une lampe et le livre qu’il lisait en ce moment. Il n’avait pas de photo de sa mère, il ne savait pas à quoi elle ressemblait, il n’avait jamais osé demander à son père. Il enleva ses baskets et mit ses pantoufles. Il rejoignit son père dans la cuisine, ce dernier avait déjà mis la table et terminait de cuire la viande. 5 minutes plus tard, ils étaient assis et avait commencé à manger. Ti réfléchit un moment, hésita et se lança.

-Dis, papa…

-Oui ? Répondit son père, sans s’arrêter de manger.

-Elle ressemblait à quoi, maman… ?

Son père s’arrêta net et regarda Ti.

-Pourquoi cette question ?

-Je me demandais…je ne l’ai jamais vue en photo, et je ne me rappelle plus de son visage.

Le père baissa la tête et sourit en rougissant légèrement, Ti voyait quand même de la tristesse dans son regard.

-Elle était belle…très belle…elle avait de très beaux cheveux noirs, dont tu as hérité, et des yeux verts…comme les tiens…elle était très énergique et très gentille, elle était ce genre de personne contre qui on ne peut pas être en colère. C’était un rayon de soleil…mon  rayon de soleil…

Ti avalait chaque mot que son père prononçait. Il se faisait enfin une image de sa mère : une femme belle, joyeuse, dynamique. Il vit que son père commença à pleurer, parler d’elle devait être dur, même après toutes ces années…

-Pourquoi est-elle partie… ? J’avais tellement besoin d’elle…Elle m’avait sauvé, elle était ma vie… Pourquoi m’as-tu laissé seul ?

Ti vient s’asseoir près de son père et le prit dans ses bras. Celui-ci resserra l’étreinte et se mit à pleurer de plus belle. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas vu son père pleurer comme ça.

-Je suis désolé…Je n’aurais pas dû en parler.

-Non…non…tu as le droit de savoir…c’est ma faute de ne jamais t’en avoir parlé.

-C’est bon, je vais attendre, ne t’inquiète pas.

Ti ferma lentement la porte de la chambre de son père derrière lui. Après la discussion avec son père, qui s’était fini en pleurs, il l’a emmené dans sa chambre afin qu’il se repose. A présent, son père dormait paisiblement. Il termina de manger et mit l’assiette de son père de côté.  Puis il s’attacha les cheveux.

-Bon, allez, je vais déjà commencer, ça lui fera moins de travail.

Il regarda par la fenêtre.

-Au fait, c’est bientôt l’été, je sais que ça fait longtemps que papa meurt d’envie de se reposer au soleil.

Il alla donc dans la véranda mais eu tout de suite envie de faire demi-tours : ça ressemblait plus à un grenier qu’à une véranda. Autant le reste de la maison était-il parfait, autant la véranda était un vrai bazar, Ti n’arrivait même pas à voir à travers les fenêtres.  Cet endroit n’avait jamais dû être rangé, ou une fois tout au plus.

-Allez ! Pour papa !